25 décembre 2007
2
25
/12
/décembre
/2007
17:08
Message de Yves Thonnerieux
Quand la disparition des pies-grièches cache une réalité sournoise...
- Vous déplorez la disparition de la chouette chevêche et de la pie-grièche grise dans votre région ? Vous êtes inquiets pour le moineau friquet, le bruant proyer et le rougequeue à front blanc qui se font chaque année plus discrets dans votre environnement familier ? Sachez que si ces oiseaux de nos campagnes agricoles se portent mal, notre propre santé est elle aussi menacée !
Prenez le temps de lire ce message un peu long (je m'en excuse)...
- La France se place au troisième rang mondial des utilisateurs de pesticides, avec, en 2004, 76 106 tonnes achetées légalement par les agriculteurs qui nous nourrissent, les collectivités qui mettent à notre disposition des espaces verts et les particuliers disposant d’un petit jardin privatif (la première catégorie utilise 90 % de ces produits phytosanitaires, ce qui laisse encore des centaines de tonnes de poisons entre les mains du jardinier du dimanche !).
- Il y a quelques années, j’avais rédigé pour la SNPN (Société Nationale de Protection de la Nature) un article sur le scandale des pesticides (le Courrier de la Nature, n° 215, septembre-octobre 2004). J’y survolais en quelques pages plusieurs dossiers brûlants (comme celui du Gaucho et du Régent) qui confortaient le consommateur dans l’idée que le combat du pot de terre contre le pot de fer était toujours à l’avantage du second, en raison des mensonges, des collusions contre-nature (aux deux sens du terme), des petits arrangements entre amis et finalement de la loi du « fric » (j’emploie ce terme péjoratif à bon escient), au mépris des écosystèmes et de la santé humaine. Ma modeste contribution d’alors n’était que la face visible d’un gigantesque iceberg.
- Aujourd’hui, c’est à une plongée en eau profonde, pour détailler à la loupe la partie immergée de cet iceberg, que nous invitent un confrère journaliste spécialisé dans les questions d’environnement (Fabrice NICOLINO) et un enseignant militant (François VEILLERETTE), Président du Mouvement pour les droits et le respect des générations futures (MDRGF).
- Leur livre (« Pesticides : révélations sur un scandale français »), paru chez FAYARD il y a une dizaine de jours, est appelé à devenir LA référence et pour longtemps dans le domaine des produits phytosanitaires expliqués aux consommateurs que nous sommes. En près de 400 pages, les auteurs dressent le tableau édifiant d’un système corrompu jusqu’à l’os dont la nature et les consommateurs font les frais depuis 60 ans.
- Point d’affirmations à la légère dans ce brûlot salutaire : tout est méticuleusement analysé, étayé par des rapports officiels, des déclarations publiques et une abondante bibliographie internationale qui a le mérite de figurer en bas de pages, grâce à des renvois numérotés. Ce travail d’investigation qui a duré plus d’un an ne craint pas de citer les noms de personnes physiques et de structures administratives ou privées qui ont contribué, qui à l‘omerta, qui à la désinformation, qui au mensonge dans la gestion du dossier des pesticides, au fil des gouvernements au pouvoir et des renouvellements d’administrations en place.
- Si un éditeur comme FAYARD a permis la publication des noms de toutes ces personnes et structures en cause, c’est assurément parce que les avocats et autres juristes consultés ont assuré que le livre était inattaquable sur le plan pénal !
- Il m’est impossible de résumer ici toutes les révélations qui émaillent le fil de ce livre-événement. Je ne puis que vous encourager à le lire, à le faire circuler et à diffuser le présent mail auprès des personnes faisant partie de vos réseaux.
Pour soutenir la diffusion de cette info, je mets à votre disposition 4 photos dont je suis l’auteur et qui deviennent de fait libres de droits. Vous pouvez me les demander en haute définition si vous souhaitez les faire apparaître sur un support écrit. - Ces images illustrent deux thèmes pris au hasard évoqués dans le livre de NICOLINO et VEILLERETTE :
- - ce qu’il convient de savoir avant de croquer une pomme.
- ce qu’on nous a caché à propos du Régent et du Gaucho lors de la crise apicole des dix dernières années.
- Je terminerai ce mail par deux extraits du livre pour vous mettre en appétit (si l’on peut dire…) :
- « … Parlons des pommes. Pourquoi ? Parce que nous aimons ces fruits. Beaucoup, réellement. (…) L’arboriculture industrielle intensive est une opération lourde, où la moindre anicroche peut mettre en jeu une saison entière. Pas question de tolérer une seule moisissure, le moindre champignon, le plus malingre des insectes. La seule solution, c’est la pulvérisation. Les pulvérisations. Les vergers –tous fruits confondus- occupent à peu près 1 % de ce qu’on appelle la surface agricole utile (SAU), mais consomment 4 % des fongicides et 21 % des insecticides. Dans 21 % des exploitations (…), les eaux de rinçage de ces nobles activités finissent aussi bien dans la cour que dans le fossé voisin. La moitié des arboriculteurs brûlent les emballages de pesticides et ce qu’ils contiennent encore. Au-dessus de 10 hectares, plus de 20 % d’entre eux détiennent des produits de traitement qui ne sont pas légalement utilisables (source : Agreste Primeur). Et la pomme décroche dans ce domaine le pompon, d’abord parce qu’elle occupe 54 000 hectares sur les 275 000 du verger français. (…) Près de 130 matières actives sont homologuées pour les différents traitements du pommier. (…) Nos pommes subissent de 21 à 36 traitements par an –en moyenne 27 (source : enquête sur la structure des vergers en 1997, Agreste 1998). »
- Autre extrait du livre dans lequel la perversité du système éclate au grand jour :
- « Mettez-vous dans l’ambiance X-Files. Oui, cette série de science-fiction où d’incroyables phénomènes se produisent à chaque seconde ou presque –où tout devient possible. (…) L’histoire du Gaucho et de son cousin le Régent est folle et palpitante. Insupportable. Surtout pour les abeilles, il faut bien le dire. (…) Pendant des années, de 1994 à 1997, la révolte gronde dans les campagnes, mais sans relais médiatique. Les ruchers disparaissent par milliers, les abeilles par millions, par milliards. Par milliards, oui. (…) Aucun suspense, en vérité. L’affaire va révéler ce qu’il faut bien appeler de stupéfiantes accointances de l’administration française avec un gigantesque pollueur : la société Bayer, transnationale de la chimie. (…) »
- Je laisse aux lecteurs du livre de NICOLINO et VEILLERETTE le soin de découvrir tous les rebondissements, toutes les collusions, toutes les malversations (jusqu’au sein de l’Institut national de la recherche agronomique qui pratique l’intimidation auprès de ses chercheurs et même dans une structure aussi officielle que peut l’être la Direction générale de l’alimentation, dépendant du Ministère de l’Agriculture). La démonstration des auteurs est monstrueusement édifiante… Les acteurs (de grands commis de l’Etat) de cette scandaleuse affaire (qui aboutira après une longue bataille juridique à l’interdiction de ces deux produits toxiques) ont reçu des promotions et occupent aujourd’hui des postes de responsabilité en rapport avec notre alimentation, y compris au sein de la Communauté Européenne ! Le livre de NICOLINO et VEILLERETTE cite tous les noms, énumère le parcours administratif de tous les intervenants et termine le chapitre sur le Gaucho et le Régent par ces lignes :
- « (Ces personnes) détiennent bien plus que d’autres les clés d’une partie de notre avenir. Combien aurons-nous de paysans demain ? Quels paysages seront les nôtres ? Où en seront nos sols, nos rivières, nos nappes phréatiques ? Nos aliments continueront-ils à être gorgés de pesticides ? Ils vont décider en notre nom, ils le font déjà. Et nous avons vu comment ils ont géré l’une des plus folles histoires de pollution de ces vingt dernières années. »
- Ultime précision en ce qui me concerne : sur quatre lectrices de ce mail, une sera atteinte d’un cancer ; s’agissant d’un homme, la proportion sera de un sur trois. Des études récentes démontrent que les causes environnementales ont largement été sous-estimées jusqu’ici dans la courbe ascendante de cette maladie.
- Pour finir, je vous renvoie au site Internet spécialement créé par les auteurs du livre dont je vous encourage la lecture : http://www.pesticides-lelivre.com
- Vous pourrez dialoguer avec eux et vous faire une meilleure idée du contenu de leur ouvrage.
Merci pour votre attention.
Yves THONNERIEUX
(de l’association des Journalistes écrivains pour la nature et l’Ecologie)