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LE MONDE 26.08.08
La 12e Nuit européenne de la chauve-souris, organisée, samedi 30 et dimanche 31 août, par la Société française pour l'étude et la protection des mammifères, est une invite à observer l'étonnante diversité des chiroptères, dont il existe près d'un millier d'espèces sur la planète, une quarantaine d'entre elles vivant en Europe où elles sont protégées par une directive communautaire. Mais aussi à prendre conscience des menaces entraînant le déclin de leurs populations : destruction des gîtes et des sites de reproduction, pesticides, pollution lumineuse, tourisme...
HÉMORRAGIE INTERNE
Dans la revue Current Biology du 26 août, des chercheurs canadiens de l'université de Calgary avancent une explication scientifique à cette hécatombe. Ils ont examiné, dans un parc éolien de la province d'Alberta, les cadavres de 188 chiroptères appartenant principalement aux espèces Lasiurus cinereus (chauve-souris cendrée) et Lasionycteris noctivagans (chauve-souris argentée). Près de la moitié d'entre eux ne présentaient pas de blessure externe mortelle. En revanche, l'autopsie réalisée sur 75 carcasses a révélé, dans 92 % des cas, une hémorragie interne, dans la cage thoracique ou la cavité abdominale.
Conclusion des auteurs : la cause principale de la mortalité des petits mammifères ailés n'est pas le heurt des pales, mais un barotraumatisme. C'est-à-dire un choc provoqué par la baisse brutale de la pression de l'air au voisinage des lames dont la vitesse dépasse, à leur extrémité, la barre des 200 km/h. Un phénomène bien connu des plongeurs qui, durant la remontée à la surface, doivent respecter des paliers afin d'éviter unaccident de surpression. Les oiseaux y seraient moins vulnérables que les chauves-souris, en raison de la plus grande rigidité de leurs parois et vaisseaux pulmonaires.
La plupart des chiroptères "soufflés" en vol par les éoliennes appartiennent à des espèces migratrices, observent les chercheurs. Le risque de raréfaction - voire d'extinction - de leurs colonies est d'autant plus grand que toutes les femelles ne mettent pas bas chaque année et qu'elles ne donnent en général naissance qu'à un seul petit. Sur leurs routes de migration, longues parfois de plusieurs milliers de kilomètres, la disparition de ces voraces prédateurs d'insectes et de parasites pourrait aussi déstabiliser les écosystèmes.