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15 février 2009 7 15 /02 /février /2009 09:36

11-02-2009

Le sol, dont l’épaisseur varie de quelques centimètres à quelques mètres, est bien plus qu’un simple support à nos activités. Garant de fonctions écologiques, véritable interface, il permet les échanges gazeux, liquides et de particules entre l’air, la terre et les êtres vivants. Il assure des fonctions de filtre et de tampon de première importance. Or, le sol subit de multiples menaces, et nos pratiques devront très certainement être révisées dans les années à venir si nous voulons préserver ce compartiment fragile et limité de l’écosystème terrestre.

De l’érosion à la contamination chimique : des risques sur tous les fronts

Parmi les atteintes portées aux sols, la Commission Européenne listait, en 2002, huit menaces majeures. En premier lieu, l’érosion affecte près de 45 % des sols européens, la France serait touchée sur plus d’un quart de son territoire, essentiellement dans les grandes plaines limoneuses du bassin parisien et dans le Sud-Ouest.
Au coté de l’érosion, qui exporte chaque année près de 100 kg de terre par hectare, les activités humaines, qu’il s’agisse de l’agriculture intensive, de l’industrie ou de l’urbanisation galopante, menacent sur tous les fronts. Pour la partie biologique du sol, les situations sont très contrastées d’une région à l’autre, et Dominique Arrouays, directeur de l’unité Infosol à l’INRA (Institut National de la Recherche Agronomique), rassure tout de même, en précisant que « les sols français ne sont pas morts ». Néanmoins, il est notable que les micro-organismes, présents par milliards dans quelques grammes de terre, voient leur diversité réduite avec l’intensification de l’agriculture et la monoculture. Pour la macrofaune, une étude conduite dans le Sud-Ouest a montré que, lors de la conversion des prairies en maïs, la biomasse de ver de terre chutait de 5 tonnes à l’hectare à moins de 500 kg. Ici, le fonctionnement même du sol, dans ces capacités d’échanges, de stockage du carbone et de recyclage de la matière organique est directement menacé.

Question chimie, la situation n’est pas plus réjouissante. Autour des grands centres urbains, les sols sont contaminés par les éléments traces métalliques, que sont, entre autres, le Cadmium, le Zinc, le Plomb ou encore l’Arsenic. Ces micropolluants proviennent de l’industrie, de la circulation automobile ou même de l’agriculture, si on pense au Cuivre utilisé en viticulture. Mais la liste est bien plus longue, et les réseaux d’experts mesurent près de 90 substances considérées comme persistantes, toxiques et capables de s’accumuler dans les chaînes trophiques. Entre autres, les polluants organiques (dioxine, herbicides ou pesticides organochlorés), contaminent le sol, et parfois pour longtemps. Dix ans après l’interdiction de son utilisation, le lindane, un insecticide, est encore présent dans les couches pédologiques des départements du Nord-Pas-de-Calais, de la Somme ou de la Seine Maritime.

La « bétonisation » ou l’annulation pure et simple des fonctions du sol

Avec l’érosion, la perte de biodiversité, les contaminations, l’acidification, ou encore le tassement par les engins agricoles, les scientifiques, comme Dominique Arrouays, s’inquiètent tout autant d’un phénomène dont l’impact est sans commune mesure : la « bétonisation » des territoires qui mène à l’annulation pure et simple de toutes les fonctions du sol. En France, 60 000 ha disparaissent chaque année sous les villes, les parkings et autres routes. D’après Dominique Arrouays, « tous les dix ans, une surface de la taille d’un grand département français est totalement recouverte ».

Jusqu’à ces dernières années, on s’est finalement assez peu intéressé au sol en tant que tel, et selon Didier Rat, chargé de mission sol au Ministère de l’Agriculture, il n’existe pas de réglementation spécifique. Dans un tel contexte, si des efforts sont à faire en matière politique, et notamment poursuivre le projet de directive européenne initié en 2006, une étape indispensable à la prise de mesures concrètes est également de dresser un état des lieux de la situation. C’est dans cet objectif, qu’un réseau de suivi de la qualité des sols, réparti sur 2 000 sites en France, est actuellement mis en œuvre par l’unité Infosol de l’INRA.
« Le sol est une ressource non renouvelable à l’échelle humaine » insiste Dominique Arrouays, le préserver est un enjeu majeur pour nos sociétés, mais aussi un véritable défi.

Elisabeth Leciak

http://www.univers-nature.com:80/inf/inf_actualite1.cgi?id=3596

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