vendredi 27.06.2008, 04:53 - La Voix du Nord
HÔTEL DE VILLE |
Ce dimanche matin, armés de jumelles et d'une bonne dose de patience, dix membres de la section « Le Milouin » du Groupe ornithologique et naturaliste (GON) du Nord - Pas-de-Calais ont arpenté les rues du quartier de l'Hôtel-de-Ville à la recherche des nids d'hirondelle. C'est dans cette partie de la ville que les colonies sont les plus vivaces.
Le nez en l'air, une bonne paire de jumelles et un plan de la ville sont
les outils indispensables d'un recensement rigoureux
L'hirondelle de fenêtre serait-elle amenée à disparaître de nos cieux ? Les données chiffrées parlent d'elles-mêmes. En 1997, date du premier dénombrement, la ville comptait 215 nids de couples nicheurs. L'année dernière, ce chiffre tombait à 59. Pierre-René Legrand, responsable de la section locale du GON s'inquiète : « On ne parvient pas encore à trouver d'explication à cet effondrement. Si les effectifs d'une espèce ne sont plus suffisants, on peut parler d'extinction ».
Plusieurs facteurs d'origine humaine aggravent cette raréfaction. La pollution et les pesticides employés seraient à l'origine de la disparition de certaines espèces d'insectes volants, indispensables à l'alimentation du volatile.
Certains ornithologues avancent également le fait que l'hirondelle manquerait cruellement de matière première nécessaire à la fabrication de son nid dans les zones urbaines. Des tas de terre et de boue sont alors disposés ça et là dans certaines villes pour qu'elles puissent s'approvisionner plus facilement.
Il semblerait qu'il y ait aussi une intolérance des gens. « On ne comprend pas pourquoi cet oiseau a perdu son capital sympathie ».
Les ravalements et les travaux d'entretien des habitations détruisent les colonies existantes et anéantissent même les couvées s'ils sont réalisés en pleine saison de reproduction, d'avril à septembre. Les salissures dues aux déjections des oiseaux sont rarement bien tolérées. Il suffirait simplement de disposer une planchette sous le nid pour éviter ces désagréments.
Jusqu'à 9 000 euros d'amende
Les difficultés liées à ce dénombrement s'étendent aussi en Afrique. L'hiver, l'hirondelle migre vers ce continent et devient difficilement localisable. La loi du 10 juillet 1976 sur la protection de la nature, modifiée le 5 mars 1999, fixe la liste des oiseaux protégés sur l'ensemble du territoire. Elle interdit notamment la destruction de nids d'hirondelles. Tout responsable d'une telle infraction s'expose à une amende pouvant aller jusqu'à 9 000 euros et/ou à une peine d'emprisonnement pouvant aller jusqu'à 6 mois.
Des expériences sont bien menées pour tenter de faire revenir ces volatiles. Courant mars, Jean-Luc Delavalle, animateur au service éducation à l'environnement de la Ville, a procédé à l'installation de dix-huit nichoirs sur les façades des écoles maternelles et élémentaires Anatole-France. Mais pour le moment, ils sont vides. « L'hirondelle de fenêtre est un oiseau complètement dépendant des constructions de l'homme », souligne Pierre-René Legrand.
Si vous souhaitez contribuer au recensement de ces oiseaux, symbole de porte-bonheur et annonciatrice du printemps et faire savoir si un nid est occupé près de chez vous, vous pouvez le contacter. Il se chargera de les répertorier. •
Ø Section « le milouin » du GON, Tél : 03 62 92 33 41.
http://www.lavoixdunord.fr/Locales/Villeneuve_d_Ascq/actualite/Secteur_Villeneuve_d_Ascq/2008/06/27/article_premiere-journee-de-recensement-des-nids.shtml